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 Le budget 2024 du logement est en net retrait par rapport au précédent, et la question n’est pas là: il n’est pas anormal qu’il contribue à l’effort de restauration des finances publiques, qui sont dans un état inquiétant.

Le déficit de la France atteint 125 milliards d’euros, soit près de 5% du produit intérieur brut, et nous dépensons chaque année plus que nous ne gagnons. La conséquence est claire: nous hypothéquons la vie des générations futures. D’ores et déjà pèse sur nous la menace récurrente d’une dégradation de notre note souveraine par les agences internationales, qui jugent la santé d’un pays et sa fiabilité économique. En cas de note inférieure à celle que nous portons, les marchés nous feraient moins confiance et nous prêteraient de l’argent à des taux majorés: le cercle vicieux d’une dette toujours plus lourde serait enclenché et le pays courait à sa perte.

 

Normal par conséquent qu’il soit demandé aux grands secteurs dont l’allocation budgétaire est importante de faire un effort de sobriété. Le sujet relève alors des choix à l’intérieur de l’enveloppe allouée. L’un d’entre eux est en rupture avec l’une des attentes les plus profondes de la nation: l’aspiration à une maison individuelle. En effet, le prêt à taux zéro, outil majeur de la primo-accession à la propriété depuis 1995, qui s’éteignait à la fin de cette année, fera bien l’objet d’une prolongation jusqu’en 2027, mais il sera exclusif de la maison individuelle. Après les discours de stigmatisation d’Emmanuelle Wargon, alors ministre du logement, c’est la sanction budgétaire qui est tombée: un ménage qui veut devenir propriétaire de son premier logement neuf ne sera pas aidé à l’acquérir. Autant dire qu’il ne pourra pas l’acquérir si c’est une maison individuelle: le prêt à taux zéro constitue la condition pour qu’une opération soit financée. Les jeunes ménages sont contraint de saturer le taux d’effort accepté des banques, le fameux critère de 35% des revenus, ne disposant en général pas d’apport personnel important pour n’avoir pas eu le temps de constituer une épargne. Sans une partie d’endettement à taux nul grâce au PTZ, le taux dépasse ce plafond et l’achat est impossible. Le PTZ fait chuter de 3 points en moyenne le taux d’endettement.

Les arguments de coût budgétaire ne tiennent pas: pour chaque maison, le retour en TVA et en droits de mutation à titre onéreux correspond à 2,5 fois le coût d’un PTZ!

Pourquoi exclure l’habitat préféré des Français de la cible de l’aide publique la plus puissante? Parce qu’elle est accusée de favoriser l’artificialisation des sols, que la loi Climat résilience condamne: à l’échéance de 2030, nous devrons avoir ralenti de moitié notre consommation de terrains à des fins de construction, et la France devra ne plus en utiliser de nouveaux à partir de 2050. Seulement voilà: les décideurs publics en restent à un concept de la maison individuelle dépassé depuis bien longtemps. En vingt ans, la superficie des emprises foncières achetées par les primo-accédants pour y faire bâtir leur maison par un constructeur a été divisée par dix. On peut arguer que l’augmentation des prix de la terre constructible en est la raison, et c’est fondé, mais le résultat est là. En outre, les évolutions sociologiques en sont causes également: les ménages n’ont plus le même goût pour l’entretien d’un grand terrain, et il leur suffit de se sentir chez eux, non pas isolés, mais dans un logement identitaire. La maison, d’individuelle, est devenue personnelle.

Les concepts urbanistiques et architecturaux eux-mêmes ont changé: on aime les maison à étage, qui vont permettre l’occupation intergénérationnelle, les maisons mitoyennes. Les propriétaires font aussi évoluer leur maison plutôt que d’en faire construire une nouvelle, en l’étendant ou en la surélevant, en la modernisant, en améliorant ses performances écologiques. Les procédés constructifs sont également plus soucieux de l’environnement: les professionnels recourent à des matériaux biosourcés, souvent locaux et évitant des transports polluants.

Par dessus-tout, un pays ne peut pas ignorer les aspirations les plus profondes de ses habitants, et les chiffres sont là: quelles que soient les circonstances, les 3/4 des Français disent vouloir ce mode d’habitat, même si une partie seulement réalise ce rêve, et sur les quelque 37 millions de résidences en France près de la moitié sont des maisons. Quel pouvoir exécutif, quel parlement peuvent-ils piétiner cette évidence sans se déconnecter de la nation, avec les risques que cela emporte?

Il  y a urgence à agir pour redonner de l’espoir à toute une partie de la population.
Espérons que les propos du 1er ministre du 14 février 2024 permettront d'atteindre cet objectif.